Ghost ou le film romantique queer dans le placard

Ghost ou le film romantique queer dans le placard

Succès populaire, Ghost serait l’archétype du film romantique mainstream. Mais, une fois le vernis hétéro complaisant gratté, restent des personnages queer.

Ghost, réalisé par Jerry Zucker, sort sur les écrans en 1990. En apparence, tout sourit au jeune couple formé par Sam (Patrick Swayze) et Molly (Demi Moore). Avec l’aide de leur ami Carl (Tony Goldwyn), ils s’installent ensemble dans un loft et Sam, banquier, est prêt à être promu. Cependant, il découvre des mouvements inquiétants sur certains comptes clients. Agressé en présence de Molly, Sam est assassiné. Alors qu’il est devenu un fantôme, seule Oda Mae (Whoopi Goldberg), pseudo-médium, peut communiquer avec lui.

Y a-t-il un.e seul.e hétéro dans ce film ?

Dès les premières scènes, le ton crypto-queer est donné. Sam, Carl et Molly font des travaux dans le loft. Les hommes sont torse nu et ont les muscles saillants. Avec sa salopette et ses cheveux courts, le seul élément « féminin » dictinctif pour l’androgyne Molly est le foulard noué autour de sa tête. Chacun.e armée.e d’une grosse massue, ils abattent une cloison. Rien de tel qu’un pénis de substitution pour prouver sa force.

Plus tard, Sam et Carl se rendent au travail. En pleine rue, Carl se met à tripoter les bretelles de Sam, qui lui ont été offertes par Molly. Ces bretelles et Molly seraient-ils les seuls freins entre les deux BFF ?

Puis, les deux garçons s’extasient devant un magnifique jouet (sexuel) : une Ferrari, plus précisément une Testarossa. Le nom de la voiture de sport rouge écarlate, symbole de frisson et de performance, veut dire « tête rouge ». Soit un gland irrigué de sang ?

Enfin, les deux camarades, au détour d’une blague dans l’ascenseur bondé, parlent de boutons sur les parties digitales. Il est évident que quelque chose les démange.

Serait-ce à cause de cette ambiguïté entre hommes, que Sam est incapable de dire « je t’aime » à Molly ? Il ne peut que lui répondre « idem », quand elle exprime ses sentiments.

Troublée, Molly ne peut dormir. Ce qui introduit la scène cul.te de la poterie. L’argile entre les jambes, Molly fait monter un vase, ou son propre désir, en tripotant son très gros pénis. Tout s’écroule, quand Sam, une nouvelle fois torse nu, arrive. Ensemble, ils travaillent la terre / verge de Molly, avant de faire l’amour. Patrick Swayze disait que cette scène était la plus sexy qu’il n’ait jamais tournée. Quel coquin, ce Pa.trique !

À cela s’ajoute la signification, en argot, des noms de famille de Sam et Molly. En effet, Wheat, pour l’un, veut dire « queer », tandis que Jensen, pour l’autre, signifie « faxer son pénis ». En l’occurrence, il s’agirait alors d’un couple homosexuel.

Entre en scène une drag queen lesbienne

Et les looks sont loin d’être innocents. Molly porte souvent des chemises d’homme, trop grandes et au boutonnage à droite, et des pantalons boyfriend. Quant aux tenues d’Oda Mae, certaines sont dignes d’une drag queen. Son caftan doré lors des séances de spiritisme, son tailleur rose et noir à chapeau lors de sa visite à la banque impriment la rétine.

En parlant d’Oda Mae, Whoopi Goldberg a, en raison de ses prises de position, une image d’icône gay et affirme que, en dehors de la communauté LGBTQ+, personne ne voulait d’elle. Par ailleurs, elle est connue, avant Ghost, pour son rôle lesbien dans La Couleur pourpre.

Par conséquent, il peut être logique qu’Oda Mae propose à Sam de prendre possession de son corps, afin qu’il puisse toucher Molly. À noter que, plus tôt dans l’histoire, un esprit possède la spirite sans son consentement. Même si le.la spectatrice voit à l’écran Molly dans les bras de Sam, est représentée une relation lesbienne entre une femme blanche et une femme noire. D’avant-garde pour un film mainstream hollywoodien daté de 1990 !

Néanmoins, l’enchantement romantique est interrompu par Carl, qui court toujours après Sam. Mais jusqu’où ira sa jalousie ? Ceux.celles qui savent ne spoileront pas.

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