L’Ascension de Skywalker déçoit les fans LGBTQ+ : la relation homosexuelle espérée, voire quasi promise, entre Finn et Poe n’existe pas. Cependant, Rey tend à basculer du côté queer de la Force.
Queer or not queer enough?
Attention, spoilers !
L’Ascension de Skywalker, l’épisode 9 de la saga Star Wars, suscite plusieurs polémiques, notamment à propos d’un baiser queer. Alors que le.la spectateur.trice subodore une relation homosexuelle entre Finn (John Boyega) et Poe (Oscar Isaac) depuis le film Le Réveil de la force, il n’en est finalement rien. Poe retrouve une ancienne partenaire, tandis que la situation de Finn est plus complexe. Alors qu’ils semblent condamnés, Finn tient à faire une déclaration à l’héroïne, Rey (Daisy Ridley). Contre toute attente, ils survivent et il se tait. Souhaitait-il lui avouer ses sentiments ? Eh bien, non. Selon le réalisateur J.J. Abrams, Finn veut faire un autre coming-out : il est sensible à la Force des chevaliers Jedi.
Pour autant, il y a bien un baiser queer à la fin du film, mais rapide et en arrière-plan entre deux personnages féminins plus que secondaires dans l’histoire. En termes de visibilité et de représentation positive, l’impact est mineur, contrairement à un baiser entre protagonistes aux actes héroïques depuis trois films. Oscar Isaac souhaitait une romance entre son personnage et celui de John Boyega, mais Disney, propriétaire de la licence, aurait refusé. Et ce n’est pas la première fois que le studio de Mickey est critiqué pour ses recours au queerbaiting. Cette pratique consiste à sous-entendre une relation queer entre des personnages, sans jamais la confirmer, dans le but d’attirer l’audience LGBTQ+. Ce public se sent alors floué et est frustré, voire en colère, d’avoir été berné.
Rey, queer es-tu ?
Mais pourrait-il y avoir un autre protagoniste queer dont la représentation serait positive ? En effet, Rey, au look asexué et au prénom traditionnellement masculin, révèle son potentiel dans L’Ascension de Skywalker. Chevalier Jedi en devenir, elle poursuit son entraînement auprès de la générale Leia Organa (Carrie Fisher), qui maîtrise la Force. Depuis le début de la saga en 1977 avec Un nouvel espoir, Leia est un personnage féminin de pouvoir – car princesse – intelligent et courageux, même face au maléfique Dark Vador (David Prowse). Et les échanges sur la Force entre les deux femmes permettent au film de réussir le test Bechdel. Alison Bechdel, auteure de BD américaine, définit trois éléments cumulatifs pour évaluer la représentation des femmes dans une œuvre de fiction :
- Deux personnages féminins sont nommés.
- Ils se parlent.
- Ils abordent un sujet sans rapport avec un homme.
Par ailleurs, les pouvoirs de Rey s’amplifient au-fur-et-à-mesure des épreuves. Bien que tentée par le côté obscur de la Force, elle reste fidèle à ses valeurs. Pourtant, elle a de qui tenir ! À la recherche de ses origines depuis Le Réveil de la force, Rey découvre, avec effroi, qu’elle est la petite-fille de l’empereur Palpatine (Ian McDiarmid), seigneur Sith. Alors qu’il la considère comme sa digne héritière, elle décline l’offre, est répudiée et mérite la mort. Pour sauver ses amis, la galaxie et rétablir la paix, Rey terrasse alors son grand-père.
La quête de Rey, centrée sur son ascendance, n’implique aucune poursuite de l’amour. Certes, elle échange un baiser avec Kylo Ren (Adam Driver), le successeur et petit-fils de Dark Vador en pleine rédemption, mais tout sentiment amoureux semble exclu. Selon J.J. Abrams, leur relation peut tout aussi bien être fraternelle, d’autant qu’ils forment une dyade : un lien particulier entre deux esprits adeptes de la Force.
À la fin du film, Rey est l’unique survivante de l’ordre Jedi. Alors qu’elle est interrogée sur son nom, elle répond qu’elle est une Skywalker, comme Leia et Luke (Mark Hamill), et non une Palpatine. Elle choisit sa lignée de chevaliers, sa famille de cœur à la place de sa famille de sang. Comme une personne LGBTQ+ rejetée par les siens, Rey rejoint ceux qui l’acceptent et l’aiment telle qu’elle est.
L’ascension de Rey Skywalker peut donc être regardée comme celle d’une héroïne queer visible et stimulante : forte, positive et hors des clichés hétéronormés.