Osamu Tezuka : dieu du manga et de la transphobie dans Métropolis ?

Osamu Tezuka : dieu du manga et de la transphobie dans Métropolis ?

Avec le personnage de Mitchii, Tezuka met en images un.e androïde qui change de genre à volonté. Volonté des hommes, non la sienne. Le poids de cette société transphobe conduira Mitchii à la rébellion.

Dans Métropolis, publié en 1949 et inspiré d’une seule photo du film éponyme de Fritz Lang, Osamu Tezuka, surnommé le dieu du manga, aborde les dangers de la science et du progrès à tout prix. Mais pas que.

Le mangaka explore également la notion de genre, un thème qui deviendra récurrent dans son œuvre. En effet, Mitchii, le.la protagoniste de l’histoire, est le prototype de Princesse Saphir, qui porte, à la fois, un cœur de garçon et un cœur de fille. Personnage trans ou intersexe, tantôt princesse, tantôt chevalier, Saphir marquera les années 50, Et, fin des années 70, MW traitera de l’homosexualité, de la bisexualité et du travestissement.

Le masculin l’emporte sur le genre

Revenons à Mitchii. Comment Tezuka interroge le genre en l’occurrence ? Androïde surpuissant, il.elle naît sous la menace du Duc Rouge, chef de l’organisation criminelle le Parti rouge, qui cherche un « esclave » indestructible pour prendre le pouvoir. Le savant contraint à créer cet être décrit comme « asexué » le sait d’emblée : «  je vais donner naissance à un monstre qui aura les traits d’un ange ». Ou un.e enfant non désiré.e issu.e d’un viol homosexuel ?

À première vue, Mitchii, qui ignore sa condition robotique et ses pouvoirs, est perçu.e comme un garçon par les humains. Pourtant, un bouton – un clitoris ? – situé au fond de sa gorge permet de le.la faire passer d’un genre à l’autre. Alors que Mitchii dort et pour le.la protéger de kidnappeurs à la recherche dudit garçon, son ami Kenichi appuie sur le bouton. Plus tard, le Duc Rouge fera de même – en commettant un inceste ? – afin de lui redonner son apparence masculine. Dans les deux cas, aucun consentement n’est demandé par les deux hommes et encore moins exprimé par Mitchii.

Malheureusement, cette situation fait toujours écho dans la société japonaise actuelle. Depuis 2003, une loi impose, entre autres conditions, aux personnes trans d’être opérées et stérilisées, si elles souhaitent voir être officiel leur changement de genre. D’une part, la notion de transidentité est bien plus complexe que la simple binarité masculin versus féminin, et, d’autre part, l’obligation de faire un choix si drastique montre la violence de la police du genre.

Être trans, c’est être rebelle

Attention, spoilers !

Mais comment se termine l’histoire pour Mitchii ? Désireux.se de retrouver son père, il.elle est choqué.e par sa rencontre avec le Duc Rouge. En plus de l’abuser, il refuse d’être la figure paternelle d’un.e androïde. Persuadé.e d’être humain.e, Mitchii découvre qu’il.elle est, en fait, considéré.e comme un objet. Il.elle devient alors un.e terroristre, qui, allié.e aux autres robots exploités par l’humanité, décide de raser la ville de Métropolis. Seul Kenichi tente de le.la raisonner. Cependant, il manque de temps : tout d’un coup, Mitchii commence à fondre. En fait, son existence dépendait d’une anomalie solaire orchestrée par le Duc et maintenant disparue.

Une fois le parcours de Mitchii raconté aux habitant.e.s de Métropolis, ils.elles font preuve de compréhension et d’empathie. Pour autant, le.la lecteur.trice constate que la résistance aux diktats de genre d’un.e protagoniste trans relève du terrorisme et non de l’engagement politique. Voilà pourquoi, il.elle doit mourir, en tant que personnage queer forcément vilain, pour correspondre à l’éternel cliché. Ainsi, la société transphobe est sauvée, même si la vision est caricaturale.

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