Uncoupled : un comble de vacuité usée à l'ère queer

Uncoupled : un comble de vacuité usée à l’ère queer

La série TV Uncoupled, qui aborde la séparation et ses conséquences chez un quadra homo insupportable, est une piètre resucée de stéréotypes gays des années 90. Le divorce est assuré, baby !

Uncoupled, nouvelle production Netflix, est comparée et comparable à Sex and the City ? C’est peu flatteur pour Carrie et ses amies. Elle serait « un cours de sociologie sur la communauté gay new-yorkaise », ancré dans la réalité et avec de la nuance ? Ses membres seraient alors d’une superficialité abyssale et inquiétante.

Le pitch de cette série sans vie est aussi riquiqui que l’empathie de son protagoniste. Après une relation de 17 ans, Michael (Neal Patrick Harris, poussif voire une erreur de casting) est méchamment plaqué par son compagnon. S’en suit son parcours : il geint à l’infini, un épisode après l’autre, sans la moindre remise en question personnelle, à force d’être concentré sur son seul nombril. À tel point que la compassion irait plutôt vers le malheureux qui l’a supporté pendant une quinzaine d’années. Par exemple, Michael, comme un ado immature, fait une scène à son ami Stanley (Brooks Ashmanskas), qui refuse de bannir l’ex de ses fréquentations. Un personnage principal peut être antipathique, s’il est complexe. Or, tous les rôles manquent de complexité.

Clichés et préjugés dépassés

Par conséquent, les clichés s’enchaînent jusqu’à la nausée. Tout homo qui se respecte doit se rendre à la salle de sport, sous peine d’être ostracisé. Stanley, dépourvu d’un corps de rêve et donc uniforme à celui des autres, ne peut avoir de vie sexuelle. Et il en souffre. Ainsi, la sexualité est un symbole de réussite et l’asexualité est hors-sujet. Par ailleurs, Michael, qui est de retour sur le marché du célibat, doit à nouveau baiser. Ainsi, il doit s’inscrire sur Grindr, mettre en ligne une photo de son pénis et être très bien membré. Évidemment.

Et, comme c’est insuffisant, se cumulent les préjugés. L’anti-héros découvre que la bisexualité existe, en 2022 ! En outre, l’âge est un problème majeur pour Michael. Par principe, les boomers sont chiants et les millenials sont incultes. Mieux, il fait une leçon de morale monumentale à un jeune plan cul qui refuse le préservatif, puisqu’il a choisi la PrEP comme méthode de prévention contre le VIH. Outre le fait que cette ignorance est improbable de nos jours chez un homosexuel informé et vivant à New-York, elle laisse penser qu’il y aurait des bons et des mauvais gays.

Cet humour, entre ironie et grincements de dents, est tellement daté qu’il agace. Les créateurs d’Uncoupled semblent avoir zappé les (bonnes) séries queer qui l’ont précédée. La seule utilité et peut-être nouveauté ? Montrer que, même rare, le cancer du sein touche aussi les hommes. Maintenant que vous le savez, vous pouvez regarder une fiction plus créative.

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