Adaptée du comic book éponyme, la série fantastique Netflix Locke and Key suit des adolescents à la recherche de clés mystérieuses. Dans leur quête, ils affrontent un démon non-binaire soumis à une vision normative, voire transphobe.
Diffusée sur Netflix, l’adaptation du comic book Locke and Key écrit par Joe Hill, fils du romancier Stephen King, et dessiné par Gabriel Rodiguez fait la Une à sa sortie en raison du coming-out de l’un des acteurs principaux, Connor Jessup. Il joue le rôle de Tyler Locke, lycéen hétéro, qui, après le meurtre de son père, s’installe dans la demeure familiale victorienne, Keyhouse, avec sa mère, sa sœur Kinsey (Emilia Jones) et son frère Bode (Jackson Robert Scott). À peine arrivée, la fratrie découvre des clés aux pouvoirs magiques et doit faire face à Dodge (Laysla de Oliveira), la maléfique « Dame du puits », qui cherche à récupérer ces clés.
Les avis sur la qualité de l’adaptation sont mitigés. L’histoire peut être vue comme étant pas assez horrifique et sans profondeur, tout en proposant un mystère prenant. Et, dans le même temps, la série pourrait avoir le potentiel de Stranger Things, mais le comic book originel serait réputé inadaptable.
LGBTQ+ ? Point trop n’en faut !
Qu’en est-il de la représentation LGBTQ+ ? Comme dans le comic book, l’oncle, Duncan Locke (Aaron Ashmore), est en couple avec un homme, Brian. Une conversation banale permet de comprendre leur lien, car le dénommé Brian est invisible à l’écran.
Attention, spoilers !
Par ailleurs, une relation polyamoureuse reste à l’étape de la proposition. Kinsey est à la fois attirée par Scot (Petrice Jones) et Gabe (Griffin Gluck). Ne pouvant choisir entre les deux garçons – et, après tout, pourquoi le devrait-elle ? –, Kinsey exprime ses sentiments aux deux amis et les invite à s’engager dans un « trouple », une relation amoureuse à trois. Malgré la représentation novatrice et potentiellement forte d’un tel thème, le personnage de Scot, contrairement à Gabe, rejette cette possibilité : après réflexion, « cela ne marchera pas » pour lui.
En fait, Gabe est loin d’être innocent, puisqu’il est Dodge. Grâce à l’Identity Key, la Dame du puits peut changer son apparence physique et, notamment, passer d’un sexe à l’autre. Et Dodge est l’une des identités de Lucas (Felix Mallard), un ami d’enfance du père des Locke, possédé par un démon. Cela signifie, d’une part, qu’il faudrait être démoniaque pour envisager une relation à trois et, d’autre part, que le.la bad guy.girl serait celui.celle qui aurait un genre indéterminé ou fluctuant. Autrement dit, le.la vilain.e de l’histoire serait-il.elle transexuel.le ? Le cliché du personnage LGBTQ+ forcément antagoniste et effrayant serait-il toujours d’actualité ?
Dans la version originale, le personnage de Scot s’interroge sur l’identité de genre de Dodge. Il ne sait pas quel pronom employé pour désigner « le démon non-binaire ». Le doublage français est, pour sa part, bien plus catégorique : « C’est un démon, une démone ? Enfin, peu importe. Où est cette chose ? ». Il est à espérer que le mot « chose » caractérise le démon et non l’absence de binarité genrée.