Le manga Dragon Ball laisse un Blue homophobe à l'âme

Le manga Dragon Ball laisse un Blue homophobe à l’âme

Gym queen maniérée, pédé tendance pédophile, militaire à l’inspiration nazie, le commandant Blue cumule les clichés homophobes jusqu’à l’overdose.

Le manga Dragon Ball d’Akira Toriyama, libre adaptation d’un roman chinois du XVIe siècle, raconte la quête des sept boules de cristal par, entre autres, un garçon à la queue de singe, Son Goku. Une fois ces boules rassemblées, un dragon apparaît et exauce un vœu.

Dans les tomes 5 et 6 de la Perfect Edition publiée par Glénat, est introduit le commandant Blue, l’un des leaders de l’armée du Red Riban. Ces soldats, réputés comme étant les plus dangereux et craints sur Terre, sont également à la recherche des Dragon Balls. L’arc narratif est initialement paru en 1984 au Japon.

Une précieuse ridicule futée

Lors de sa première apparition, Blue surprend un sous-fifre avec un doigt dans le nez. Écœuré, le commandant porte un mouchoir blanc à son nez telle une lady et exige l’exécution du malotru. Entendant le bruit du tir fatal, Blue s’exclame « joli son à mes oreilles ». Le portrait est dressé : le personnage est maniéré et cruel. Plus tard, des lanceurs de torpille seront exécutés sur son ordre pour avoir manqué deux fois leur cible.

Certes, l’antagoniste est intelligent. Fin tacticien, il laisse Goku trouver une nouvelle boule de cristal pour éviter de la chercher lui-même. Il lui prendra plus tard. Pour éviter un piège, il réussit à dénicher un passage secret. Puis il efface les traces des compagnons du héros pour qu’il s’égare.

Néanmoins, Blue est caractérisé par son aspect efféminé. Ses petits doigts sont dressés quand il parle au téléphone. Alors qu’il doit plonger, il exprime sa réticence : « J’espère au moins qu’elle est propre, cette eau. En plus, l’eau de mer est mauvaise pour la peau. » Et, bien sûr, il hurle de peur lorsqu’il voit une souris.

Un gay addict à la muscu et prétentieux

Le corps et le torse nu hyper musclés du commandant pourraient suggérer qu’il est viril. En fait, il est l’archétype de la gym queen. Son physique avantageux séduit Bulma, une amie de Goku. La réaction de Blue illustre sa misogynie : « Ne t’approche pas de moi, femme !! Tu me dégoûtes !! »

Bulma comprend alors, et le répétera une deuxième fois quelque pages plus loin, que le méchant est « gay ». Krilin, son compagnon d’aventure, ajoute qu’ils sont tous des « chochottes » au sein du Red Riban. Dans la version originale, le mot « okama » est employé. Il s’agit d’une injure pour désigner un homosexuel efféminé ou travesti.

Cela provoque la colère du commandant. Ils ont dit « un mot de trop », mais lequel ? Gay ? Chochotte ? Dans tous les cas, Blue représente le cliché éculé du vilain queer, voire un personnage camp tant il est exagéré.

Attention, spoilers !

Et la vanité du commandant lui coûtera la vie. Alors qu’il se bat et que son nez saigne après avoir reçu un coup, il s’écrit « C’est immonde !! C’est indigne de ma personne !! ». Trop sûr de son pouvoir surnaturel qui lui permet de paralyser son adversaire d’un regard, il ne se méfie pas de Tao Pai Pai. Chargé de le tuer, ce dernier accomplira sa mission d’un coup… de langue, puis se léchera les lèvres. Toute allusion sexuelle serait purement fortuite.

De pédéraste à pédophile, il n’y a qu’un pas

Quitte à enfiler les stéréotypes comme des perles, Blue peut être considéré comme un prédateur pédophile.

Dans le manga, rien n’est moins sûr. Le seul indice serait la réaction du commandant quand il découvre le portrait de Goku : « ça va devenir trèèès intéressant ! »

Dans la série animée, le doute est levé via une scène inédite. Lorsque sa voiture tombe en panne, Blue est aidé par un jeune garçon. Les yeux du militaire s’élargissent et frétillent. Le fond de l’image se remplit de bulles et prend une couleur pastel pour suggérer l’attirance. Le Blue fleur bleue veut embrasser son sauveur et l’inviter à déjeuner pour le remercier. Et plus si affinités ?

Le régime nazi comme source d’inspiration

Tel un arien, le commandant au physique impressionnant est un blond aux yeux bleus. Son uniforme ressemble, de la tête aux pieds, aux chemises brunes des sections d’assaut (SA). La différence ? Le symbole du Red Riban remplace la svastika.

Le chef des SA, Ernst Röhm, était homosexuel, comme de nombreux soldats sous ses ordres. C’est peut-être pour cette raison que Blue affirme que « l’armée du Red Riban n’a pas besoin de femmes ». Ses membres seraient-ils également queer ?

Comme Röhm – éliminé lors de la Nuit des longs couteaux pour fausse trahison –, le commandant est condamné parce qu’il a échoué à rapporter les Dragon Balls. Un nouvel archétype narratif : l’homosexuel doit mourir.

Un autre modèle pourrait être l’acteur allemand Gustaf Gründgens. Gay et communiste, il est resté en Allemagne et en vie grâce à sa popularité. Une image peut-être un peu plus positive.

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